mercredi 11 mai 2011

Débat radiophonique, compte rendu II

J'ai commencé hier à relater ce formidâââââble débat radiophonique qui fatigue et désespère les foules qui en ont marre, à savoir :
LE CAPITALISME PEUT-IL SE PASSER DE CROISSANCE ?

En y réfléchissant bien, moi qui suis fameux pour mon indulgence et ma patience, j'admets que le thème choisi et la façon dont il a été traité sont deux volets d'un endoctrinement continu et nauséabond, pour utiliser un terme à la mode. En moins de mots, on se moque de nous.
Déjà, telle que la question a été posée, il n'a été à aucun moment question de mettre en cause le principe du capitalisme dominant. C'est un fait acquis en sciences économiques (en apparence). Ensuite, il n'a pas non plus été question, sauf sous forme de caricature lamentable (j'y reviendrai) de contester le mécanisme de croissance infinie. Autrement dit, le véritable thème traité était :
Comment je peux vendre mon livre en faisant croire que la croissance c'est bon mangez-en, que la pollution c'est bon mangez-en, que les écolos sont caca-prout et que les contestataires de façon générale sont des empêcheurs d'être heureux, épanouis, consuméristes et soumis.
Pardon de sembler caricaturer le propos à mon tour... mais ce que j'ai entendu lors de cette émission dépassait parfois le citoyennement acceptable.

Aujourd'hui, je présente et commente quelques réflexions de la part des invités les plus modérés ou des auditeurs les plus en colère :

"Pour défendre l'idée d'une croissance infinie dans un espace fini, il faut être au moins stupide ou bien économiste."
Un auditeur

Ce à quoi on lui a répondu sèchement :
"Demandez donc aux 200 millions d'agriculteurs chinois qui ont multiplié par 4 leur niveau de vie ce qu'ils pensent des thèses écologisto-mabouls"
sic
La citation est exacte. "Ecologisto-mabouls", merci de laisser travailler tranquillement les types qui ont un livre à v..., les gens sérieux.
Je ne crache pas d'ailleurs sur "les types qui ont un livre à vendre" car j'en suis un moi-même, et cela risque même de s'accentuer en ce qui me concerne. Je considère toutefois que la fin ne justifie pas les moyens et qu'on ne devrait pas être autorisé à souhaiter la destruction de l'environnement à seule fin de passer le million d'exemplaires vendus.

"Les décroissants, qui ne sont pas d'ailleurs des décroissants mais des objecteurs de croissance, acceptent l'idée d'une 'bonne' croissance. (...) Ce qui énerve les Français, c'est que l'économie est dans tout et partout. L'idée d'une croissance circonscrite au champ économique, modulo le respect de l'environnement, est globalement acceptée par tous."

Là, deux idées se chevauchent mais donnent l'impression que les Français sont des objecteurs de croissance mal lunés qui accepteraient une croissance verte si tant est que celle-ci fût possible.
Je pense que l'analyse n'est pas complètement nulle, modulo le fait qu'en parlant "des Français", on continue à ignorer que nous ne sommes que des individus et que même moi je ne suis pas toujours d'accord avec mon ami G., avec lequel j'ai pourtant tant d'affinités idéologiques !

"En tout cas, ce qu'il faut retenir, c'est la nécessité de réguler ; réguler le capitalisme, réguler l'économie, réguler les banques."

Mais bien sûr ! C'est tellement simple que même notre président de pays y avait pensé !
La méthode ? Très facile. Chaque individu doit se rendre chez le capitaliste ou chez le banquier le plus proche et lui dire : "Bonjour, je viens pour la régulation". Ensuite, vous prenez votre argent et vous allez l'investir dans une banque mutuelle solidaire et/ou écologisto-maboul sans actionnaires.

"La régulation et la répartition des richesses sont la clé."

Rejoint la réflexion précédente. La méthode proposée et la même.

A demain pour les hilarantes saillies du type qui a un livre à vendre et qui accessoirement est un économiste qui enseigne dans des grandes écoles de commerce. En tant qu'ancien élève de prépa HEC qui rêvait de devenir analyste financier (ça m'est vite passé), je crains que ces lieux ne soient pas prêts d'enseigner les prémisses d'un monde nouveau.
Non, en fait, ses réflexions sont tout sauf hilarantes. Elles sont surtout effrayantes.

25 commentaires:

  1. T'as raison!
    Et que le drapeau noir flotte sur la marmite...
    Banquiers et économistes sur la planche à bascule et Mort aux Vaches!

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  2. La vie c'est le mouvement.
    Pour se donner l'impression que la vie a un sens on a inventé le progrès... la croissance...
    Mais la vie n'a pas de sens.
    Il faut se faire une raison et simplement s'exercer à en ressentir la pulsation et faire passer le témoin.
    Ambulo ergo sum (Pierre Gassendi)

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  3. Euh!!! pas les braves meuh meuh, ni la Vache Qui Rit, tout de même...

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  4. Ouaiiiis, l'anonyme G. a été cité par le magnanime S. ! Période de gloire effet mère, protectrice pour mon tout à l'égo.
    Blague à part, il faut te résigner vieux loup : les anglais ont gagné la guerre, leur système est en place, et il emporte tous les autres parce qu'il est le plus efficace relativement aux défauts des êtres humains.
    Maintenant, arrête de réfléchir et retourne humer tes fleurs dans le jardin ! ;) Hi, hi.

    GBises, qui a humé trop de fleurs

    PS : merci pour la substance radio-faune-nique ta race.

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  5. PS2 : ch'uis pas d'accord avec toi, je trouve qu'on est toujours d'accord. :p

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  6. haa, enfin un shaton qui s'énerve! je désespérais ! :-D

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  7. Croissance et capitalisme sont liés. Le capitalisme existera tant qu'il existera une majorité de pays pauvres, tant qu'il y aura des innégalités entre les hommes sur une grande échelle.

    La croissance, dans un monde capitaliste, ça signififie l'exploitation des uns par les autres, ça signifie une consommation accrue de tous, un niveau de vie qui s'accroît (un peu pour tous et beaucoup pour certains).

    Le capitalisme ne peut pas être éternel, comme la croissance, pour des raisons économiques et écoligiques.

    Un nouveau système naîtra. Il sera simplement différent, probablement extrêmement brutal.

    Accent Grave

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  8. Ouaip, Pomme ! Bien qu'en ce qui me concerne, je préfère la conversion à la décapitation, mais sans user de la force...
    Quant aux vaches, on dira ce qu'on voudra, mais la couche d'ozone qui se barre, c'est scientifiquement prouvé que c'est de leur faute.

    Ce que tu dis est très profond, Franck, et change une partie de ma colère en méditation :)

    Se résigner alors que le combat est en cours ? Tu blagues ou tu déraisonnes ?
    Nan, en fait je comprends... et je suis allé humé les fleurs. J'ai mis six jours à m'en remettre.
    T'as raison, on est toujours d'accord. Si le ton monte, c'est parce qu'on ne le voit pas toujours du premier coup ;))

    C'est exact, Accent Grave. Ce qui étonne les gens comme moi, c'est que 9 économistes sur 10 semblent raisonner pour un monde qui restera éternellement capitaliste avec, parfois, l'idée nouvelle de "comment trouver une croissance plus respectueuse de l'environnement ?"
    Mais réfléchir n'étant de toute façon pas agir, il ne se passe rien.

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  9. Ah, ah, je vois que tu as de très bonnes fleurs pour nécessiter 6 jours de repos ! ;) Petits salopiots !!
    Cela dit, oui, c'était une blague. Encore que, depuis, j'ai eu l'opportunité de discuter avec beaucoup de personnes en-dehors de mon cercle habituel, et ma foi, j'ai eu la triste impression que non, le combat n'était pas vraiment en cours, ou alors sur un champ de bataille qui ne me semble pas rejoindre le mien (je ne dis pas que c'est le meilleur, mais y a des limites)... Ça rejoignait plutôt la "colère" de ton billet.
    GBises

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  10. Hélas, je pense que tu as en partie raison. Ce sera l'objet d'un prochain billet, qui s'intitulera "la revanche des anti-écologistes". On redécouvre une tendance qui avait (presque) disparu.

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  11. Ouaip, et avoir raison sur ce point ne me plaît pas particulièrement... Ça m'a un peu miné le moral de voir que les commentaires qui ressortent autour de moi, se cantonnent peu ou prou à ce que les merdias crachent et recrachent au quotidien (putain, ça marche toujours !!). Et quand ça touche des personnes proches, ça fait mal aux fesses. Désolé d'être grossier.
    GBises

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  12. Bon bin tu lâches tes amis de là-bas et tu viens t'installer ici ;))
    Oui, je sais, y a pas l'océan... mais on a un ruisseau pas loin !!

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  13. Bah,la plupart ne sont pas des amis, juste des gens qui gravitent dans mon cercle, mais quand même.
    Bof, ça m'empêche pas de dormir et de me marrer, mais tu t'dis que les vieilles ficelles marchent toujours aussi bien !!
    M'enfin, je dois être un vieux con...
    A part ça, ça gazouille ! ;)
    GBises

    PS : oui, l'océan me manquerait, pour sûr !!

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  14. S'ils gravitent dans ton cercle, cela signifie qu'ils ne te toucheront jamais ;))
    Allez, pauvre vieux (con), viens donc en vacances par ici, tu mangeras bio tous les jours !
    s

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  15. Bio ou "pas bio", tant qu'il y a de l'Amour dans le produit et dans sa préparation, ce dont je ne doute pas avec vous ! :))
    GBises

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  16. J'ai déjà fait la cuisine avec beaucoup d'amour mais des ingrédients pourris. Franchement, le résultat n'était pas terrible...
    Un crétin qui cuisine avec haine mais d'excellents produits fait beaucoup mieux ;))
    Mais pas de souci, nous avons amour ET excellents produits ;))
    s

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  17. C'est pour cela que je parlais d'Amour dans la prérapation, euh, la préraptation, enfin merde bordel de $ø*µ%@# ne jouez pas sur les mots Jean-Charles, je disais or d'oncques que sais-je, dans la préaptation ET dans le produit.
    Diantre, c'est compliqué le clavier le lundi matin... ;)
    GBises

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  18. Cela devrait être interdit de commenter le lundi :))
    Au bureau, je veux dire ;))

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  19. On se réveille comme on peut... Et puis c'est pas désagréable de prendre un thé avec un ami. ;)
    GBises

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  20. Le jour où tu viendras... Le jour où tu viendras... Le jour où tu viendras, ne prends pas ta théïère, peu m'importe après tout ce qu'il y aurait dedans...
    Barbara, 1961, remixée par shaton 2011

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  21. Oui mais, "Souviens toi Barbara, Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là"... ;)
    GBises

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  22. Nan, c'était à Nantes...
    A Brest, il ne pleut jamais.
    :)

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  23. J'ai un métro de retard mais Accent Grave a écrit des trucs vachement intéressants sur lesquels j'ai envie de rebondir:
    "Le capitalisme existera tant qu'il existera une majorité de pays pauvres, tant qu'il y aura des innégalités entre les hommes sur une grande échelle."
    C'est parfaitement vrai, et c'est justement la raison pour laquelle il est illusoire de compter sur un capitalisme, même régulé, social, humaniste, respectueux de l'environnement ou quoi que se soit de ce style, pour réduire des inégalités qui sont objectivement indispensables à sa survie.

    "Un nouveau système naîtra. Il sera simplement différent, probablement extrêmement brutal."
    Avons nous vraiment besoin d'un système pour vivre ensemble?
    S'en remettre à un système, quel qu'il soit me semble une forme de démission.

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  24. Deux choses, rapides parce que je suis d'accord avec toi :
    - Effectivement, "régulation" et "capitalisme" me paraissent incompatibles.
    - Non, pas besoin de système. Du respect, de la solidarité, de la responsabilité, pourquoi pas, mais pas de système (ni de brutalité si possible).

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  25. Et des semaines après, la réparation d'un oubli... :
    Une grosse bise à toi, Anne P. J'étais sûr d'avoir lu ton commentaire quelque part et j'avais oublié où :))
    Oui, en effet, je me fâche ! Il n'y a rien de pire que la bêtise des gens intelligents. C'est terrible parce que tout le monde les croit...

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