dimanche 7 janvier 2024

Dites-moi que vous voulez que ça change

J’ai longuement hésité avant d’écrire cet article, cherchant l’angle d’attaque idéal pour faire passer mon point de vue tout en me démarquant de la majorité des publications actuelles sur le sujet qui se concentrent sur un nom, une personnalité, une carrière, qui pour le défendre, qui pour le démolir, alors que le problème est ailleurs.

Le problème n’est pas un homme, ça ne peut pas être qu’un homme.

Le problème n’est pas qui il est et ce qu’on doit faire de son nom, de ses honneurs, des œuvres où il apparaît ou des statues qu’on lui a érigées, selon l’homme en question, car la médiatisation des cas livre des noms ponctuellement qui concentrent exagérément toute l’attention du moment.

Le problème, c’est nous tous, la société et le microcosme qui ont rendu possibles leurs agissements, de même que les agissements de tous les agresseurs auxquels on passe « tout », c’est-à-dire ce qui est uniquement visible, ce qu’ils font et disent en public, parce qu’ils ont du charisme, du pouvoir ou de l’ascendant, parce qu’on confond parfois « bon vivant » et « intolérablement grossier ». Un agresseur n’est généralement pas assez stupide pour franchir certaines bornes au vu et au su de tous… sinon, ça s’appelle de la complicité pour les témoins.


Ici, je me mets du coté des victimes, délibérément. Par empathie naturelle, je suis du côté des femmes à chaque remarque sexiste ou geste déplacé, je suis du côté des homosexuels à chaque remarque homophobe ou geste déplacé, etc. Je ne dirai jamais « mais qu’il est drôle ! » à une blague misogyne ou raciste ou « quoiquecesoitophobe », tant il est facile de maquiller ses convictions profondes derrière un « ça va, je rigole ! » de circonstance.

Je n’ai pas de doute quand une personne est visée par plusieurs dizaines d’accusations et de témoignages sur le long cours. J’ai étudié les chiffres concernant les viols en France, je sais les estimations du nombre de viols, du nombre de fausses plaintes, du nombre de plaintes tout court et du nombre de condamnations à l’arrivée.

Quand on pense à ce qu’il faut de courage pour accuser quelqu’un publiquement, surtout quand la personne est connue... et que soi-même on n’est personne dans l’espace médiatique, pour moi il n’y a pas de doute. Ce pourrait être juste une question de probabilités : une accusation de viol est fausse dans 5 % des cas environ. Alors deux, c’est bien moins… et onze, douze, treize, quatorze… non, il n’y a pas d’innocent devant de tels nombres. À moins d’un incroyable concours de circonstance.


Je me mets donc du côté des victimes et des accusatrices. Dans un cas comme celui dont on a beaucoup parlé, ce sont elles qui ont besoin de soutien, c’est leur cas qui devrait nous importer, leur réparation, leur protection. Et peu importe, finalement, qui les a agressées si le reste de la société leur refuse sa considération pour des motifs qui n’ont rien à voir avec le sujet. On n’excuse pas un méfait par l’aura de son perpétreur. On ne justifie par un abus par les excès de vie de l’abuseur. Ce sont même des circonstances aggravantes, l’abus de pouvoir ou l’abus de substances, quand il s’agit de justice.

Il ne suffit pas d’avoir des témoins de moralité qui jurent n’avoir jamais été agressées par la personne visée. Je me permets de citer le remarquable et provocateur Jean-Michel Truong en la matière : « si on doit compter toutes les femmes qu’il n’a pas violées, on n’a pas fini ». C’est une mauvaise défense pour un agresseur que de dire de lui qu’il n’a pas agressé tout le monde. Ou bien c’est un ultime soubresaut.


Et justement, en parlant de ça :

« Laissons la justice faire son travail », me dit-on.

Il faudrait déjà qu’elle le fasse, qu’elle ait le temps et les moyens de le faire. Mais d’accord, laissons-la. D’accord, mais à une seule condition : que les consciences fassent leur travail également, qu’on cesse de désigner les victimes comme co-responsables de l’agression. Que la société fasse son travail, en protégeant les victimes par l’intransigeance. Que les familles fassent leur travail avec l’éducation nécessaire donnée aux garçons… et aux filles, pour le respect de l’intégrité d’autrui.

Si nous ne faisons pas ce travail, qui n’est pas du ressort des tribunaux, le travail de ces derniers ne servira à rien.


Et ce n’est pas la peine de m’invoquer la « présomption d’innocence » concernant l’affaire médiatisée du moment ou tout autre affaire. Je n’ai que faire de cette présomption d’innocence, c’est une notion juridique qui concerne les tribunaux, pas moi. Je ne mets personne en accusation, je n’appelle pas au lynchage médiatique ni public, je ne cite pas de nom pour éviter d’exciter les algorithmes et les foules. Je n’ai pas à me montrer autrement prudent au nom de cette présomption d’innocence souvent brandie pour faire taire tout le monde sur un sujet qui dérange.

Je choisis simplement de croire les victimes et accusatrices, qui par leur courage ont tendu leur joue à la vindicte globale, et qui se retrouvent à nouveau invisibles et seules face au combat qui se déroule sous leurs yeux pour savoir s’il faut aimer ou détester l’homme qui les aurait agressées.

Que valons-nous en tant qu’humains si nous ne sommes pas capables en premier lieu de reconnaître et de protéger la souffrance d’autrui ? On me répondra que les agresseurs sont eux aussi des gens qui souffrent et que c’est pour ça qu’ils se comportent de telle façon... raison de plus pour ne pas les laisser faire, pour les confronter, les affronter et les aider ainsi à sortir de leur souffrance personnelle qui ne doit pas passer par la souffrance d’autrui.


Je dis ça parce que j’ai moi aussi beaucoup souffert autrefois et fait souffrir par contrecoup mon entourage par mes attitudes, mes fuites ou mes mensonges.

Je dis ça parce que j’ai moi-même été agressé il y a très longtemps et que je n’ai pas pu réagir ni parler sur le moment.

Je dis ça parce que je sais ce que c’est que la pression sociale, la peur du jugement, la honte ou la mémoire traumatique.

Je dis ça par ce que nombre de mes connaissances (en tout cas celles qui l’ont exprimé) ont été agressées et qu’il n’y a presque jamais eu de conséquences pour leur(s) agresseur(s).

Je dis ça parce qu’il n’est pas interdit de croire que les choses peuvent s’améliorer, si au moins les non-agresseurs pouvaient solidairement décider de dire non collectivement, de soutenir les victimes et de cesser d’avoir des attitudes d’esprit de corps ou des réflexions alimentant ce qu’on appelle communément la culture du viol.

Nous sommes très loin du compte en la matière. On continue à empiler des lieux communs autour des notions de « faut-il séparer l’homme de l’artiste, du boulanger, du ministre ou de l’avocat ? »

On continue à participer involontairement en étant parfois maladroits sur l’air de « tu étais habillée comment ? », « mais tu savais qu’il ne fallait pas aller chez lui ! » ou d’autres phrases qui n’aident ni la victime à se sentir mieux ni la société à mieux se comporter.


Ceci est mon appel : arrêtez de parler de l’individu poly-accusé du moment, parlez du sujet dans sa globalité, étudiez les chiffres, interrogez vos mentalités et vos réactions, regardez en face vos propres attitudes, soyez solidaires des victimes. Toute personne intelligente, c’est-à-dire quasiment tout le monde sur cette Terre malgré ce qu’on dit de vous, toute personne intelligente doit pouvoir faire ça sans appeler au lynchage d’une personne qui effectivement n’a pas encore été jugée. Sinon, comme l’a dit justement (mais un peu tard) Jacques Weber : c’est un deuxième viol.

Ce n’est pas un épiphénomène dont nous parlons, mais un fléau qui, selon des chiffres officiels, va toucher 300.000 femmes par an (par an, bon sang !) rien qu’en France, pour ce qui concerne les violences conjugales, violences d’ex-conjoints et les viols.

https://arretonslesviolences.gouv.fr/je-suis-professionnel/chiffres-de-reference-violences-faites-aux-femmes#:~:text=En%20moyenne%2C%20le%20nombre%20de,ou%20actuel%2C%20cohabitant%20ou%20non.


Je ne peux pas m’y résoudre sans rien dire et je ne peux pas lire des tribunes de soutien inconditionnel aux agresseurs sans me demander ce qui les motive et comment y répondre.

Je ne suis pas un tribunal, je ne suis pas un lyncheur, je suis un homme qui prend pour lui toutes les violences inutiles de la société dans laquelle il vit.

Dites-moi que pour vous, c’est pareil.

Dites-moi que vous voulez que ça change vraiment.

jeudi 30 juin 2022

L’ORTHOGRAPHE EN QUESTION(S), partie 1 : "Le niveau baisse"

L’ORTHOGRAPHE EN QUESTION(S), partie 1


La première d’une petite série sur la question brûlante de l’orthographe. L’idée de cette série m’est venue à la suite de lectures et de discussions autour de la supposée bêtise de la jeunesse d’aujourd’hui, qu’on mesurerait à partir de leur niveau orthographique.

 Je vais donc par petits pas explorer les idées reçues, la substance, les faits historiques et linguistiques, ainsi que les problèmes et solutions liées à l’orthographe.

Et un message à nos enfants en guise de préambule : non vous n’êtes pas plus bêtes qu’avant, non votre niveau orthographique ne détermine pas votre intelligence. On en reparlera.


Partie 1 : « Le niveau baisse »

On l’entend partout, on le lit partout : le niveau en orthographe baisse en France.

Je rassure tout le monde tout de suite, il semble que ce soit vrai. Pour ce qu’on en sait et à partir de mesures plus ou moins récentes, on peut officiellement dire que le niveau des élèves en orthographe a baissé entre 1920 et aujourd’hui.

Personne ne le conteste, c’est un fait mesuré… et c’est difficile de mesurer ça. Il ne suffit pas de dire « tout le monde le sait ! » ou « je le vois bien autour de moi ! » parce que ce genre de phrases est prononcé depuis des siècles. Ce qui fait foi en matière scientifique, c’est la preuve, l’expérience, la mesure… pas les impressions. Et mesurer une chose aussi complexe sur l’ensemble d’une population est extrêmement difficile, d’autant plus qu’on ne les fait pas tous les quatre matins.

Mais donc, le niveau baisse. Soit.


Reste à se poser ces questions :

Pourquoi ça baisse ?

Depuis quand ça baisse ?

Est-ce que c’est grave ?

Est-ce que ça a un rapport avec l’intelligence ?

S’agit-il d’un épiphénomène ou bien d’un problème de fond concernant l’intelligence, justement ?

Est-ce que ça confirme cette impression lancinante qu’ont certains, tentation d’adulte, que les enfants de maintenant sont plus bêtes qu’avant ?

Est-ce qu’on peut y faire quelque chose ?

Et puis c’est quoi, l’orthographe ?

Est-ce que c’est une science ?

Pourquoi elle est ce qu’elle est en français ?


Rendez-vous demain pour la partie 2.


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#cétaitmieuxavant #jevousledisahlala #maisquevoulezvous

#lavenircestvous




samedi 25 juin 2022

ANTIPARASTASE – FIGURE DE STYLE N°7, famille argumentative

ANTIPARASTASE
"On dit de moi que je suis un peu fêlé et hyperactif... mais je suis surtout passionné, et c'est ce qui me permet de partager avec vous toutes ces figures !"

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ANAPHORE – FIGURE DE STYLE N°6, famille des répétitions

L'ANAPHORE ?
Moi professeur Cécédille je vais vous expliquer ce que c’est.
Moi professeur Cécédille, j’aime bien parler des figures de style.
Moi professeur Cécédille, je pourrais y passer la journée.
Moi professeur Cécédille…
Oui, bon.

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FIGURES DE STYLE - Bande-Annonce par le professeur CÉCÉDILLE et le docte...

Les figures de style - La bande annonce
Digne du plus grand Hollywood avec des acteurs toujours au top de l'acting,

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vendredi 24 juin 2022

ANALEPSE – FIGURE DE STYLE N°5, figure temporelle

L'ANALEPSE, c'est ce que je disais déjà il y a 15 ans : c'était mieux avant.

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jeudi 23 juin 2022

AMPHIGOURI – FIGURE DE STYLE N°3, famille des… trucs embrouillés

Dans la série des figures de style, le n°3, l'amphigouri !
Restons simples...

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