Il est toujours difficile de parler sereinement d’un concept que l’on ne comprend pas. Ma tentation est grande d’en rester à une critique acerbe et partisane, accroché que je suis à mes idéaux bien ancrés : « tu ne détesteras pas l’autre, tu ne considèreras pas ton semblable comme un ou une inférieur(e), tu feras en sorte de ne pas salir la planète et tu t’efforceras de la laisser dans l’état où tu l’as trouvée (au pire)... »
Il en va ainsi du couple que je forme avec la misogynie. Je sais que ça existe, je sais que c’est courant... mais je ne peux ni la comprendre ni la ressentir. Je sais juste que c’est pas bien, qu’il ne faut pas. Mon discours peut donc s’arrêter là : la misogynie, ce n’est pas bien, n’y touchez pas.
Ne recherchez pas l’ivresse d’une haine qui vise la moitié de la population mondiale. Pour détester davantage, il faut être xénophobe ou misanthrope, voire les deux. Fuyez. Stop.
Je suis tenté de poursuivre, néanmoins. Je sais pour commencer qu’il en existe de plusieurs types et qu’il ne faut pas les mélanger si on veut les combattre. On peut être misogyne par hérédité ou par expérience, parce que le père l’était, parce que la mère était trop envahissante... et le cas relèvera alors d’une psychothérapie familiale.
Il y a aussi la misogynie qui fut celle de notre nation et qui en touche encore tant dans le monde : celle qui fit écrire dans nos lois qu’une femme ne pouvait pas faire ceci ni cela, au contraire du mâle tout puissant. Nous nous croyons débarrassés de celle-ci, mais qui sait ce qu’une majorité d’hommes pourraient encore décider ? Devant la misogynie institutionnelle, je sens mon impuissance.
La pire qu’il nous reste aujourd’hui est cette misogynie « soft », délicieusement rampante, fractionnée, difficile à affronter parce qu’elle ne s’exprime collectivement que par des traumatismes ponctuels : un rire nerveux visant des blondes maladroites, la vision d’un décolleté trop profond, une conduite stéréotypée érigée en prototype, que sais-je... Je la qualifie de « pire », car elle est notre bien commun, notre héritage collectif après des millénaires de domination masculine que la religion et la politique ont entretenue et gravée dans un marbre que nous tentons tant bien que mal de dégraver. Elle est « pire » parce qu’elle est souvent invisible, insidieuse... et porte même en elle sa propre auto-dérision. Elle est « pire » parce qu’elle fait passer les féministes dans mon genre pour des rabat-joies. Mais oui ! En ce domaine, je suis un rabat-joie ! C’est ma joie !
Mais alors, qu’est-ce qui a échoué dans mon parcours ? Qu’est-ce qui a bien pu m’amener à cette totale absence de misogynie et, pire encore, de sexisme ? Comment se fait-il qu’à l’écoute d’une blague abaissant la femme, même sous couvert d’humour, je ressente au mieux l’horripilation de mes poils brachiaux ? Pourquoi ne suis-je pas plus embarrassé face à un supérieur hiérarchique d’un sexe plutôt que de l’autre ? Qu’est ce qui m’a poussé dès la maternelle à « jouer avec des filles » comme s’il s’eût agi d’êtres humains comme les autres ?
Les responsables sont hélas nombreux. Je suis né dans un foyer dont les membres ont toujours considéré l’égalité des sexes comme allant de soi. J’ai grandi dans un environnement familial et amical qui renforça cet état de fait. J’ai eu des professeurs des deux sexes, dont aucun n’a jamais professé la moindre ségrégation sexuelle en ma présence. J’ai évolué dans un pays dont les lois actaient cette égalité, affirmant qu’une femme valait bien un homme, qu’elle avait les mêmes droits, qu’elle pouvait voter, conduire, travailler, ne pas enfanter, porter des cartons lourds, mettre des pantalons et se promener toute seule même après 19h00. Mes parents, mes amis, ma famille, mes écoles, mon pays, tous coupables, tous responsables !
Cette gabegie collective monte bien que la philogynie, ou plus précisément l’intégration de l’égalité des sexes comme allant de soi, n’est qu’une question d’éducation, d’exemple, de bourrage de crâne par la douceur et sans pression... Je n’ai pourtant pas été victime de prosélytisme anti-sexiste. Cela me renforce dans l'idée qu’un enfant auquel on n’inculque pas de préceptes erronés reconnaîtra de lui-même la valeur de chaque être humain.
Je suis heureux de cela. J’aurais pu avoir un père misogyne, une mère castratrice ou des copains sexistes au dernier degré. J’aurais pu rencontrer une perverse manipulatrice qui m’aurait brisé le coeur et obligé à détester tous les membres de son sexe... J’aurais pu, mais je n’ai pas...
La chance de ne pas être misogyne tient à très peu de chose, de même que la situation inverse.
C’est pourquoi il n’y a pas mille messages à transmettre, il n’y en a que deux : refusez toute forme de misogynie que vous rencontrerez et montrez-vous exemplaire dans toutes vos relations aux autres en la matière. Une seule blague inappropriée sur la façon de conduire supposément dangereuse des femmes peut décrédibiliser des décennies d’effort...
Je ne peux pas terminer sans relayer une hypothèse qui permettra aux misogynes de moudre sur mon dos :
Ne suis-je pas anti-sexiste pour plaire aux femmes, au fond ? Eh bien c'est simple : s'il suffisait d'être anti-sexiste pour plaire aux femmes, alors pourquoi tous les hommes ne le deviennent pas ?
Frappé au coin du bon sens!
RépondreSupprimerLes psychopathies sont très nombreuses et malgré le travail de chacun mêm si l’on croit avoir atteint la fin du boulot, c’est tout simplement que nous ne pouvos aller plus loin , mais les tatouages humains sont aussi difficilement effaçable que l’encre de Chine et les solitaires si vous les écoutez gentilment et qu’ils vous font confiance il vous diront les compexe de Médée qui est parfois jusqu’au 50 °/° de la populaion des salons de psychanalyse
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