jeudi 18 juin 2015

La palme du pardon

Oui, il faut demander pardon. Nous avons été vilains, reconnaissons-le.

Pardon pour avoir fermé les yeux pendant des décennies sur une déforestation sauvage qui permit d'exploiter certains produits indispensables à l'onctuosité de nos produits préférés.

Pardon pour n'avoir pas vu la transition entre cette déforestation sauvage et la création d'un label de durabilité qui légitime rétrospectivement cette déforestation en installant l'état des lieux.

Pardon, dans un même ordre d'idées, de confondre durabilité des cultures et pérennité des sols. Car quand le verger est épuisé, c'est tout le terrain qui est mort.

Pardon d'avoir accepté pendant des années d'entendre toutes les heures, en bon téléphage moyen, qu'un produit saturé en sucre raffiné et en graisse végétale était bon pour la santé des enfants du petit déjeuner au souper.

Pardon de laisser une représentante de l’État se ridiculiser dans une action hautement démagogique mais tout aussi casse-figure en dénigrant ce que nous savons.

Pardon pour cette addiction habile qu'engendrent des produits sur-sucrés au point qu'aucune réflexion n'est plus possible quand on en mange, à l'instar du déni des fumeurs ou des buveurs face à l'évidence.

Pardon pour l'exploitation de populations locales au profit de la goberge collective des pays occidentaux, populations locales dont on loue le fait "qu'elles aient du travail" grâce à nous, braves mangeurs de saletés visqueuses à la recette immonde, et non seulement du travail, mais aussi des grands espaces dégagés de cette forêt tropicale qui faisait rien qu'à être là.

Pardon pour les procès intentés à des produits concurrents moins nocifs, mais à la composition guère plus engageante quand on y regarde de plus près.

Bien entendu, il faut aussi demander pardon de demander pardon, parce qu'on nous objectera à juste titre que les multinationales ne possèdent pas les cultures, lesquelles sont majoritairement la propriété des coopératives locales. Par ailleurs, les mêmes cultures ne nécessitent pas l'emploi massif de pesticides en raison du faible nombre de pestes les atteignant...

Mais de toute façon, pourquoi, vraiment, pourquoi mettre 20 % de cette graisse (et 40 % de sucre blanc) contenant 50 % d'acides gras saturés dans un produit destiné à des enfants ? Qu'est-ce qu'ils nous ont fait pour qu'on leur fasse avaler ça au point de les rendre dépendants ?
Alors pardon à tous. Il fallait bien ça pour relancer un débat récurrent mais étouffé : nous acceptons de manger n'importe quoi et nous ne voulons pas savoir comment est produit et fabriqué ce que nous mangeons.
Et ça, cela ne pardonne pas.

6 commentaires:

  1. Hé oui! Mais demander pardon ne suffit pas... il faut agir et c'est pas facile...
    Modestement je plante des arbres dans les 2ha soustraits (parce qu'ils n'en voulaient plus) à la voracité des agriculteurs d'alentour.... mais comment les empêcher quand ils passent avec leurs machines infernales d'arroser mes plantations? Comment empêcher ces cochonneries d'atteindre les fraises, les tomates, les salades et autres végétaux qu'on prend le temps de cultiver pour éviter les barquettes javélisées... Comment empêcher d'empoisonner nos animaux... parce que on le dit maintenant mais c'est il y a plus de 15 ans qu'une de mes chiennes est morte après le passage du désherbant communal et elle n'a pas été la seule... mais on nous a dit vétérinaire en tête mais non! c'est pas ça! Et si pourtant !c'était cà!...
    Il y a tant à faire et tant qui ne pensent pas, qui sont contents comme ça...
    Bon; ben... j'ai des groseilles qui trempent dans le sucre... de canne et que j'espère pas trop trafiqué...faire ses confitures au lieu de les acheter...
    Mais comment dire ça à ceux qui rament pour trouver un boulot et de quoi bouffer... comment leur dire?... Les chips et le coca... c'est moins cher alors???????

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    1. Salut Pomme.
      Agir ? Mais quelle horreur, c'est mauvais pour la croissance !

      Au fait, les chips et le coca, c'est plus cher... que rien, en tout cas chez moi ;-))

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  2. Si tu t'amuses à multiplier les pardons d'accord,mais prendre parti est plus dynamique . Vive le Nutella !

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    1. Salut manouche,
      Personnellement, je n'aime que les noisettes. La pâte d'huile au sucre, c'est pas mon truc... ;-)

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  3. en parlant de sucre , pardon à ceux qui meurent en ramassant le souffre dans les volcans, pour blanchir celui ci….pardon.

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  4. Bonjour,
    Je suis un lecteur régulier de tes articles, j’aime la précision et le ton de tes articles.
    Bonne continuation et tenez-moi au courant des prochaines publications.

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