Disons plutôt qu'elle refuse de s'y adonner avec moi...
Là où je loge, j'ai à ma disposition un poste de télévision grand écran et un nombre de chaînes frisant le ridicule, par son côté trop élevé s'entend.
Et ma lubie innocente et inavouable, c'est regarder des NANARS ! Ces films si mauvais qu'ils en deviennent irrésistibles ! Un site internet très complet se charge de les recenser à l'intention d'obscurs amateurs dans mon genre. Mais c'est un jeu dangereux ! Le nanar appelle le nanar, et il peut arriver que l'abus de très mauvais films conduise à vouloir toujours pire !!
Il est fort possible que certains d'entre vous n'en aient jamais vu un seul de toute leur vie. Connaissez-vous "Turkish stars wars", "l'homme puma", "la revanche de l'alligator" ou "king kong lady" ? Pour une initiation accélérée (mais dangereuse), commencez par cette page des enfers et suivez les liens jusqu'à ce que tous vos neurones soient la proie d'une irrépressible envie de nanars !

Ainsi ai-je eu la chance jeudi soir de voir sur une des nombreuses chaînes à nanars du câble le chouette film American Ninja 4 (tous en choeur : "oh non ! J'ai raté ça !?") dont le scénario est à lui tout seul une sorte d'expérience ésotérique. J'ai essayé de le comprendre avant d'aller lire la chronique et voici ce qu'il en est ressorti :
Dans un territoire semi-désertique du sud de l'Afrique, un cheikh islamiste et un ancien nazi supervisent l'entraînement de ninjas rouges et jaunes dans le but de (peut-être ?) détruire le monde libre (i.e. les States). Les ninjas sont totalement dévoués à leur maître et passent leur temps à s'entraîner et à se faire tuer.
Devant la menace que représente ce groupuscule obscur mais coloré, les States envoient un agent, qui se fait capturer et torturer.
Pour le libérer, les States envoient deux autres agents... qui se font capturer et torturer en compagnie d'une américaine qui se promenait par hasard et qu'il a bien fallu sauver des griffes des méchants avant de la faire retomber dedans (je vais vite, il y a des tas de détails qui m'ont échappé).
Les ninjas ont des aptitudes au combat très étranges : d'abord, ils se déplacent très lentement et viennent sagement un par un se faire tuer par les agents sus-mentionnés... avant de se jeter tous ensemble sur leur(s) ennemi(s), lequel se laisse alors assommer en toute simplicité. Nota Bene : dans ce genre de film, il suffit de placer son poing à 40 cms de la tête d'un ninja pour le tuer. Problème : ça se voit à l'écran (et c'est drôle).
Donc, si vous avez bien tout suivi ce que j'ai essayé de comprendre, il y a 3 agents prisonniers + une dame (qui était sans doute une journaliste). Autre problème : le nombre de prisonniers est vers la fin bien supérieur au nombre de personnes que j'ai vus se faire arrêter... mais on n'est pas là pour pinailler.
Les States envoient donc un autre agent... Et je vous vois venir, vous allez me dire : un agent qui va se faire attraper lui aussi ! Mais non ! Car cet agent, c'est THE American Ninja, le fantastique acteur Michael Dudikoff ! Ne me dites pas que vous ne le connaissez pas... C'est pas possible... Il a joué dans les plus mauvais films de ninjas... Michael Dudikoff... fabuleux acteur capable de tout jouer avec une seule expression faciale !
Lui arrive sur place, fait ami-ami avec une communauté de chevelus post-apocalyptiques qui se déplacent en vieilles camionnettes moches, et part délivrer ses vieux copains agents avec ses nouveaux copains chevelus en castagnant du ninja à tout va. Tout est bien qui finit bien, le deuxième agent embrasse la journaliste (à moins que ce ne fût une touriste) et le quatrième agent dit au deuxième, tandis que le troisième sourit : "passe me voir à l'occasion".
Voilà, j'ai fait mon coming out, je peux à présent respirer : tout le monde sait.
N'essayez cependant pas le nanar sans l'avis médical d'un spécialiste...